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Le Goût de Foudre

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24 février 2008

L'enfant de Noé - Eric-Emmanuel Schmitt

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L'enfant de Noé - Eric-Emmanuel Schmitt (188p.)

Prix de la solidarité en 2005

"-Nous allons conclure un marché, veux tu? Toi, Joseph, tu feras semblant d'être chrétien, et moi je ferai semblant d'être juif. Ce sera notre secret, le plus grand des secrets. Toi et moi pourrions mourir de trahir ce secret. Juré?   -Juré."

Touchant. On est en 1942, la deuxième guerre mondiale fait rage, on assiste aux premières rafles à Bruxelles. Joseph qui a alors sept ans, est séparé de sa famille et confié au père Pons, qui tient un pensionnat catholique non loin de la capitale. Un homme juste et simple. Là bas Joseph apprendra à taire son nom, son histoire, ses sentiments. Malgré cela se seront ses plus belles années. Le père Pons quant à lui ne se contente pas de sauver des vies. Il tente, tel Noé, de préserver des choses pouvant être menacé par le monde extérieur. Je ne vous en dirait pas plus.

Mon avis. Ce livre est une pure merveille. Un bouillon d'émotions. Je n'aime pas les histoires traitant des guerres, de la violence, et quand je l'ai reçu pour Noël je me suis dit "Oh non, pas encore là dessus." Mais on apprend bien vite que la guerre n'est qu'un bruit de fond. On se sent comme dans une bulle, comme protéger du monde extérieur, "un monde menacé par un déluge de violence". Et on assiste ému, à la vie de Joseph, du père Pons, du lien qui se crée entre eux. Ce livre est rempli de questions fondamentales, d'ailleurs on relis certains passages, on s'arrête pour réfléchir. On se crée une opinion. Tout ce passe dans l'innocence de l'enfance et l'expérience des la vie adulte. On assiste à l'héroïsme de gens simples et pour certains réels -  ce livre est tiré d'une histoire vraie- et qui on fait preuve de beaucoup de courage et de dignité. Tout est drôle, tout est triste . En sortant de ce livre on se sent plus humain, plus humble. On se sent vivre.

"La guerre, ça vous tombe dessus sans que rien ne vous y prépare. [...] Dans des situations difficiles comme l'occupation, les gens font preuve de dignité, de courage et d'une dureté extraordinaire......." Sophie Marceau, interview accordé au magasine Studio de février 2008, pour son prochain film "Les femmes de l'ombre".

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20 février 2008

Anna GAVALDA, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part

Sans_titre"Plus tard elle m'a souri. Pas comme les filles qui me sourient d'habitude parce qu'elles sont contentes de voir que je les regarde.

Elle m'a souri comme ça, pour me faire plaisir. Et jamais une prise de m'a paru aussi longue que ce jour-là." Page 48

     Les personnages de ces douze nouvelles sont pleins d'espoirs futiles, ou de désespoir grave. Ils ne cherchent pas à changer le monde. Quoi qu'il leur arrive, ils n'ont rien à prouver. Ils ne sont pas héroïques. Simplement humains. On les croise tous les jours sans leur prêter attention, sans se rendre compte de la charge d'émotion qu'ils transportent et que révèle tout à coup la plume si juste d'Anna Gavalda. En pointant sur eux ce projecteur, elle éclaire par ricochet nos propres existences.

Mon avis. Un véritable Goût de Foudre, le mien en tout cas, avec une petite préférence pour l'épilogue. J'admire le talent d'Anna Gavalda qui par un langage quotidien nous fait parvenir de grandes émotions. Léger, subtil, envoûtant. A lire de toute urgence si ce n'est pas déjà fait.

20 février 2008

Rebecca - Daphné du Maurier

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Rebecca de Daphnée du Maurier (378p.)

"J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley. [...] La maison était un sépulcre, notre peur et notre souffrance étaient enterrées dans ses ruines. Il n"y aurait pas de résurrection. Quand, éveillée, je penserais à Manderley, je n'éprouverais pas d'amertume. Je me rappellerais l'été dans la roseraie et les chants d'oiseaux à l'aube, le thé sous le marronnier et le murmure de la mer derrière la courbe des pelouses.
Je penserais au lilas en fleur et à la Vallée Heureuse. Ces choses là étaient éternelles et ne pouvaient pas disparaître. Il y a des souvenirs qui ne font pas mal."

Sombre. Romantique. Romanesque. Le fantôme qui hante les jours et les nuits de Maxim de Winter et de sa nouvelle épouse, c'est Rebecca. Son odeur, ses objets, ses robes, et même sa domestique sont là pour veiller à ce que Rebecca soit présente à chaque instant. Dès que la nouvelle Mme de Winter entre en contact avec Maxim de Winter, elle est totalement évincée par le souvenir de Rebecca. On ne connaît de la nouvelle Mme de Winter que son âge, vingt et un ans. Son passé est très flou, et semble être considéré comme inintéressant, puisque Rebecca n'en fait pas partie.
Dès lors, comment une jeune fille qui n'est que maladresse et timidité pourrait elle se sentir à l'aise ? Peu à peu, un doute s'insinue en elle. Elle se met à penser que Maxim aime encore Rebecca. Et pourtant, les regards fuyants, les silences gênés et l'atmosphère pesante de Manderley semblent renfermer bien d'autres secrets.
Nous sommes tenus en haleine du début à la fin du livre. Les descriptions de Manderley, la maison chérie et souillée de Max de Winter sont époustouflantes. Et puis Rebecca, dont l'ombre plane du début à la fin du livre. A chaque fois que l'on pense l'avoir chassée, elle revient, et continue à déterminer l'existence de nos héros. Comme elle l'avait prévu.

Mon Avis. Ce livre nous laisse tout simplement sur le "cul". C'est, je pense, la meilleur manière de le décrire quand on termine la dernière ligne, de la dernière page. Rien ne se passe comme on l'avait imaginé, rien ne passe comme il faut. Pas une minute, on se lasse de ce livre. Pas une seconde je n'aurais cru à cette fin. Ne lisez surtout pas la dernière page. Surtout pas. Ou bien ne lisez pas le livre. Mais se serait bien dommage! D'ailleurs le fait qu'il soit considéré comme un "chef-d'oeuvre" de la littérature anglaise, ne doit pas vous arrêtez, même si la traduction de l'anglais par Denise Van Moppès a un peu vieillit, ça reste un très bon livre que je conseillerais à n'importe qui! D'ailleurs j'aime de plus en plus la littérature anglaise, qui est beaucoup moins ennuyante que la littérature française, même si au départ elle me faisait un peu peur. Voilà un livre qui ne laisse pas de marbre!

23 janvier 2008

Erik ORSENNA, Dernières nouvelles des oiseaux

orsenna"Peut-être qu'elle dort, la mer, elle aussi, quand on ne la regarde plus?"

Ce soir-là, le président présidait une remise de prix au lycée de H. Dès le cinquième très bon élève, il bâilla. Tandis que se poursuivait l'épouvante cérémonie, l'idée arriva dans son cerveau et, s'y trouvant bien sans dout, commença de germer. Une idée simple, une idée scandaleuse. D'accord, il faut récompenser les très bons élèves, mais pour quelle raison ceux que je vois ce soir monter un à un sur la scène sont-ils tellement ennuyeux? [...] Pourquoi ne pas couronner d'autres enfants, des talents cachés, des passionnés qui explorent sans relâche, qui ne supportent que la liberté, que les devoirs qu'ils se donnent eux-même?

Mon avis. Un trésor d'humour et de subtilité. Erik Orsenna jongle encore une fois avec les mots et nous procure un réel plaisir à nous emporter avec lui sur l'île des passionnés. Il faut juste lire, et remercier ce génie de la langue française.

23 janvier 2008

Tracy CHEVALIER, La Jeune fille à la perle

Sans_titre     "J'avais l'habitude de disposer les légumes en cercle, par catégories, comme les parts d'une tarte. Il y avait cinq parts: choux rouge, oignons, poivrons, carottes et navets. Je m'étais servie d'une lame de couteau pour délimiter chaque part et j'avais placé une rondelle de carotte au centre." Page 15

Traduit de l'américain par Marie-Odile Fortier-Masek

La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernate, chacune très jalouse de ses prérogatives.

Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. A mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...

Un roman envoûtant sur la corruption de l'innocence, l'histoire d'un coeur simple sacrifié au bûcher du génie.

Mon avis. Ce roman m'a donné goût à la lecture grâce au mystère qui plane tout au long du récit. Dès les premières lignes, on se plonge dans l'ambiance de Delft et on se sent proche de l'héroïne. De magnifiques descriptions nous relatent parfaitement la vie de l'époque. On s'y croirait. Difficile de lâcher ce bouquin qui est tout simplement une perle.

Note: ce roman a été adapté au cinéma par Peter Webber.

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20 janvier 2008

À ton image - Louise L. Lambrichs

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« Cette existence m'a réservé tant de surprises, j'ai vécu de tels moments de bonheur que la perspective de mourir, qui est pourtant la seule aujourd'hui qui me reste, ne parvient pas à m'attrister réellement. Que pourrais-je attendre de la vie qui surpasse ou même égale ce que j'ai connu? »

Un jeune homme, Jean, fuit la campagne normande dont il était originaire. La maison familiale fut le théâtre de scènes incestueuses, et lorsqu'il la quitte enfin, il espère pouvoir commencer une nouvelle vie. Sa carrière médicale paraît vite prometteuse. Encore étudiant en obstétrique, il tombe amoureux de Françoise, sa logeuse, une femme plus âgée que lui, qui a perdu son mari et ses deux enfants. Jean l'épouse. Cependant, Françoise apprend qu'elle est devenue stérile. De peur de la perdre, Jean décide, à son insu, de la cloner. Mais rien ne se passe comme prévu, et l'affaire tourne au drame...

Mon Avis. Quatre-cent vingt-trois pages d'un drame déchirant au sein d'une famille qui affecte ne se rendre compte de rien. Une plume lyrique et dénuée de légèreté, ayant pour but la justification des torts du narrateur. Partagé entre la compassion et le dégoût, on ne peut se faire d'idée sur ce personnage, dont l'histoire semble avoir empreinte sur sa façon de penser, choquante et pourtant si compréhensible. On sent que la lourdeur du récit atteint notre coeur et paradoxalement, impossible de lâcher ce roman. De quoi nous marquer à vie... 

13 janvier 2008

Malavita - Tonino Benacquista

Malavita

" Ils prirent possession de la maison au milieu de la nuit. Une autre famille y aurait vu un commencement. Le premier matin de tous les autres. Une nouvelle vie dans une nouvelle ville. Un moment rare qu'on ne vit jamais dans le noir."

Roman Italien. Une famille d’Américains s’installe à Cholong-sur-Avre, en Normandie. Fred, le père, se prétend écrivain et prépare un livre sur le Débarquement. Maggie, la mère, est bénévole dans une association caritative et se surpasse dans la préparation des barbecues. Belle, la fille, fait honneur à son prénom. Warren enfin a su se rendre indispensable pour tout et auprès de tous. La multiplication d’événements bizarres rend pourtant suspecte l’installation de ces nouveaux voisins : accident du plombier, incendie du supermarché, etc. Le lecteur découvre peu à peu que Fred Blake est en réalité Giovanni Manzoni, repenti de la Mafia que le FBI a décidé de cacher en France avec sa famille.Son existence bascule lorsqu'il découvre une machine à écrire: il s'est construit autour des films de Scorsese, n'a jamais ouvert un livre et pourtant décide de rédiger ses Mémoires. Plus rien n'existe, il vient d'entrer en littérature.

Mon Avis. Ce livre a la trame d'un polar et l'aspect d'un roman. Son écriture est un régal, elle glisse de page en page, toute en élégance. L'histoire est bien construite, gardant tout ce qu' il faut de suspense jusqu'à la fin. Quand on croit avoir tout découvert, on en est, en réalité, qu'au début de nos surprises... Vers le milieu, cependant, l'histoire se perd, devient (un peu trop) fantasque, un passage à vide se fait sentir... Mais le livre reprend vite de sa substance, et l'on redécouvre avec encore plus d'ardeur, le suspense du début. Puis, on voit plus le temps passer, on voit la fin, la chute et enfin la grande surprise finale. Jusqu'à la dernière page on se demande comment cette histoire va se finir. Un conseil: aux adeptes de "je lis la dernière page avant de commencer le livre" ne faites surtout pas ça! Sinon le livre perd toute sa surprise, c'est essentiel. A lire absolument!

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